Mots-coeur-Moqueurs

 Dans les ruelles...

Dans les ruelles de la vieille ville, quotidien de mes déambulations, j’ai l’impression de me promener dans un décors de théâtre où les acteurs

jouent admirablement leurs rôles, mais sans s’adresser à aucun public, ils jouent pour eux même et je me sent comme un fantôme qu’ils ne voient pas, qu’ils traverseraient sans s’en apercevoir, mais qu’est-ce que je fous là, irréel, voyeur invisible, à chaque pas la scène change de personnages, toujours aussi naturels, quel est le sujet de la pièce, l’unité de temps c’est tous les jours, l’unité de lieu n’est pas cet endroit mais tous les autres, le décors change sans arrêt mais est toujours le même, et puis les acteurs improvisent, les rôles ne sont pas distribués, en tournant dans une ruelle soudain la scène est vide, un acteur solitaire fait un mime pour un nuage qui passe, un autre le remplace qui fait semblant d’avoir oublié son rôle, jamais un applaudissement, est-ce la  scène de la vie qu’on a perdu l’habitude d’observer, ou un théâtre d’ombres, ce serait eux les ombres, peut-être sommes nous tous des ombres, et qui a écrit les paroles, car les mots fusent dans tous les sens , il y aura bien un jour un dénouement, qu’on sache pourquoi on joue, la vie ne serait-elle qu’un grand jeu, ou ne serions nous tous que des marionnettes qu’une main invisible manipule, en tous cas on ne voit pas les ficelles, et le spectacle continue...