Mots-coeur-Moqueurs

Nomade (pour Eylem)

Tu es la belle pérégrine

Passagère du temps

Tu es l’autre de l’autre

Tu bois l’eau de son puits

La perle de tes hôtes

Au goût de malvoisie

Tu vogues au gré du vent

Tête dans les étoiles

Et tes enchantements

Peu à peu se dévoilent

Tu es la belle pérégrine

Passagère du temps

La route est ton ailleurs

Aucun lieu ne t’attache

Et tous les minarets

Sont tes mâts de cocagne

Tu cherche l’âme soeur,

ton semblable, ton frère,

Et au fond de ton coeur

Tes Jourdain, tes déserts

Tu es la belle pérégrine

Passagère du temps

Tu danses sur la Terre

Belle romanichelle

Comme une bayadère

Venue des Dardanelles 

Tu vois avec ton coeur

Les trésors des humains

Et pour toi les ailleurs

Sont plus beaux que demain

Tu es la belle pérégrine

Passagère du temps

(“Demain? Et que sais-je de demain? 

Ici, il y a tout l’aujourd’hui qu’il faut”.

Erri de Luca. “Montedidio”.)